Le GroupeExercice 2020-2021
Édito 2020-2021
QUE RETENIR D’ESSENTIEL DE LA CAMPAGNE 2020-2021 ÉCOULÉE ?
Entretien croisé avec Jacques Bourgeais, Directeur Général et Jérôme Calleau, Président du Conseil d’Administration
Un exercice qui s’est mieux terminé qu’il n’avait commencé.
Une récolte 2020 historiquement mauvaise
Jérôme Calleau (JC) : Nous l’avions vue arriver : la récolte 2020 aura été historiquement mauvaise. Les volumes de la collecte d’été ont été quasiment divisés par deux par rapport à la bonne campagne de 2019. Les pluies incessantes durant la période de semis des cultures d’hiver fin 2019 ont considérablement gêné les producteurs et perturbé les assolements. Et puis la sécheresse printanière et estivale a impacté le potentiel de rendement. Face à la pénurie de l’offre, le prix de la paille s’est emballé, pénalisant les éleveurs… Le prix des céréales s’est redressé également mais tardivement et donc peu de producteurs ont vraiment bénéficié de cette embellie. Une année 2020 à oublier donc chez beaucoup, s’agissant des céréales. En productions animales, les filières ont connu des fortunes variées mais les filières principales se sont dans l’ensemble, correctement comportées, à l’exception du canard qui a touché le fond en ce début 2021 et du bovin viande (en particulier le jeune bovin) pénalisé par les déséquilibres « matière » consécutifs à la crise sanitaire (fermeture de la restauration et sous-consommation dans les pays du pourtour méditerranéen).
Ce n’est finalement pas la crise sanitaire, qui aura eu le plus de conséquences négatives…
JC : Comme souvent, ce sont les conditions météo qui ont eu le plus d’impact sur les activités agricoles. Et puis en agriculture et en agroalimentaire, la crise sanitaire mondiale a certes pénalisé les activités liées à la restauration, mais elle a plutôt avantagé les circuits de la grande-distribution et la distribution de proximité.
Et donc un exercice qui s’est terminé sur une note un peu plus optimiste que le précédent…
Jérôme Calleau
JC : L’exercice avait démarré avec une toute petite récolte. Il se termine avec des cours de céréales en forte hausse et avec des cultures présentant un beau potentiel. La récolte 2021 le confirme ; ce qui est de bon augure pour l’exercice 21/22, toutes choses égales par ailleurs. Et puis l’exercice 20/21 s’est terminé avec un beau niveau de performance économique à l’échelle du Groupe ; un peu au-delà de ce qui était projeté. Enfin si le contexte sanitaire n’est toujours pas stabilisé, la montée en puissance du taux de vaccination permet quand même d’être plus optimistes en cette fin juin 2021, que ce n’était le cas voilà un an.
Face au constat dressé, les résultats du Groupe auraient pu douloureusement en pâtir. Ça n’a pas été le cas…
Jacques Bourgeais (JB) : C’est un bon résultat en effet qui ressort de cet exercice 2020-2021 et cela pour plusieurs raisons. Tout d’abord il avait été anticipé la mauvaise récolte 2020. Un stock important de céréales issu de la récolte 2019 avait été reporté sur la campagne 2020. Même si l’objectif premier était de pouvoir servir les clients en céréales malgré la petite récolte, cette initiative a joué un rôle d’amortisseur dans les comptes, entre les deux exercices. Cela vaut pour la coopérative comme pour VSN Négoce.
Et puis les très bonnes nouvelles sont davantage à trouver du côté des filiales du Groupe.
• Les métiers de la jardinerie et du paysage ont connu une dynamique absolument record. Cavac Distribution et Vertys ont sur-performé. Indéniablement, l’augmentation du pouvoir d’achat des Français procurée par la crise sanitaire et les moindres déplacements, ont contribué à créer un vrai engouement pour le jardin et la maison.
• Le métier de l’isolation des bâtiments que porte Cavac Biomatériaux (Biofib’) a lui aussi profité de cette dynamique favorable ; à un point tel que les installations industrielles existantes sont aujourd’hui totalement saturées.
• S’agissant du pôle agroalimentaire, les évolutions ont été plus contrastées. Mais Biofournil, Olvac, Catel Roc et Atlantique Alimentaire dégagent de belles profitabilités.
Enfin la paralysie qu’a provoqué la crise sanitaire en matière d’évènementiel et la limitation contrainte des déplacements et des réceptions, ont participé à l’optimisation globale des charges. Le résultat net consolidé arrêté très prudemment a franchi la barre des 10 millions d’euros avec une capacité d’autofinancement qui a elle-même franchi pour la première fois la barre des 30 millions d’euros. Les fonds propres franchissent également le seuil des 130 millions d’euros.
Quelles auront été les principales initiatives du Groupe en matière d’investissements et d’activités nouvelles ?
JB : L’enveloppe d’investissements a atteint 22,6 M€ sur l’exercice 20/21 en retrait par rapport à 19/20. Des fins de chantiers initiés sur l’exercice précédent (extension de Biofournil et construction de l’unité de fabrication Nutrition animale Bio) ont impacté l’exercice 20/21. À cela il faut rajouter notamment la construction d’un centre de travail du grain ultra-moderne d’une capacité de 11 500 tonnes à l’Herbergement (85), opérationnel pour cette récolte 2021 et puis une extension de la conserverie Olvac.
S’agissant d’initiatives nouvelles et marquantes sur l’exercice, on citera la mise en place d’un réseau d’apiculteurs parmi les sociétaires Cavac. Des agriculteurs- apiculteurs que la coopérative s’est engagée à former et à accompagner avec la commercialisation de leur miel sous la marque Nectar des Champs. L’exercice écoulé a également constitué la première saison pour la nouvelle activité de production de lait de brebis, promise à un bel avenir. Sur un autre registre, la coopérative a également été à l’origine de la mise sur pied d’un fonds de dotation baptisé « Ohé la Terre ! » qui vise à recueillir des fonds auprès (préférentiellement) d’acteurs locaux, pour dynamiser des pratiques agricoles vertueuses en faveur de la biodiversité et de la lutte contre le changement climatique. Des agriculteurs de Vendée et du Poitou-Charentes pourront ainsi être financièrement aidés pour leur contribution au bien commun. Enfin, citons la fusion avec la petite coopérative de la commune de La Planche (44) qui a pris effet au 1er mars 2021.
Visiblement Cavac ne manque pas d’idées et peut se prévaloir d’un modèle résilient.
JC : Comme cela vient d’être évoqué, la coopérative poursuit sa route, sans tomber en effet dans la routine. Cet esprit d’initiative qui anime les équipes et la forte polyvalence du groupe, font de Cavac un groupe coopératif qui bénéficie d’une bonne résilience. La bonne régularité des résultats dégagés et leur évolution tendanciellement positive en témoignent. Cette posture qui est la nôtre, de ne pas mettre tous nos œufs dans le même panier, devrait rester un atout dans la durée.
Les coopératives agricoles sont décrites comme étant à un tournant. Quelle analyse faites-vous de la période que nous traversons ?
JC : S’agissant de la crise sanitaire, les secteurs agricoles et par extension agroalimentaire ont quand même été globalement épargnés, en comparaison d’autres secteurs d’activités complètement déstabilisés par le contexte.
Mais si la crise Covid a pris le dessus dans les médias, la stigmatisation des pratiques agricoles continue. La pression sociale et médiatique reste énorme pour réclamer de produire sans substance chimique. Avec une vision souvent simpliste des solutions. La séparation du conseil et de la vente des produits phytosanitaires compte parmi ces dossiers complexes qu’ont désormais à gérer les coopératives et les négoces. Et la mesure va encore se traduire par des surcoûts et des complications supplémentaires sur les exploitations… La perspective de taxation sur les engrais azotés (enjeux climat) se profile aussi.
Les activistes de la cause animale ne relâchent pas la pression non plus, à grand renfort d’images choc qui tendraient à insinuer que tous les animaux sont maltraités. Il est peu de professions qui reçoivent autant de leçons et sans que jamais ne soit considéré le rôle global des agriculteurs. Car exerçant un métier essentiel, physique et compliqué, participant au bien commun (biodiversité, paysages, autonomie alimentaire…) les agriculteurs ont pourtant besoin d’un soutien à grande échelle. À défaut de les protéger des aléas climatiques qui peuvent ruiner des mois de travail en quelques heures, cela leur apporterait peut-être un peu de cette sérénité qui leur fait si cruellement défaut aujourd’hui.
Car l’un des principaux défis de l’agriculture aujourd’hui est d’assurer la relève des générations et notamment dans le secteur de l’élevage. C’est certainement là que se situe le principal tournant : beaucoup de départs en retraite annoncés et trop peu de candidats à la reprise en élevage. Sur un territoire comme celui de Cavac, c’est un énorme enjeu.
Dans ce contexte, la coopérative a conduit sur l’exercice écoulé, une réflexion prospective (La coop in 2025) associant élus et équipes de Direction, pour bien redéfinir ses priorités et adapter son modèle d’organisation à ces principaux défis.