Le GroupeExercice 2016-2017


Retour sur l’exercice 2016-2017



S’adapter à un contexte de marchés agricoles turbulents
Entretien avec Jérôme Calleau, président & Jacques Bourgeais, directeur général

L’exercice 2016-2017 aura été manifestement compliqué ?

Jérôme Calleau : Oui la récolte 2016 a été très décevante partout en France. Cette situation a impacté les cultures de vente mais tout autant dans nos régions, les cultures fourragères (maïs notamment) fragilisant davantage encore des éleveurs ruminants (lait et viande) déjà durement éprouvés par les cours des marchés.

Peut-on espérer avoir touché un point bas ?

Jérôme Calleau : Il est toujours difficile de répondre à une telle question car les situations sont contrastées en fonction des filières et qu’il est difficile de préjuger de l’avenir, face à des marchés aussi imprévisibles. Il est certain que la filière porc a connu une belle embellie depuis un an, que les récoltes 2017 sont globalement bonnes en quantité comme en qualité et que le marché du lait laisse apparaître un mieux, même s’il est insuffisant. Tout cela est quand même de nature à apporter quelques notes d’espoir même si la situation agricole reste globalement fragile : trésoreries très éprouvées par plusieurs années de crises ; prix des céréales très bas ; filière lapin en proie à une baisse inquiétante de la consommation ; situation que la plupart des filières viande rencontre dans une moindre mesure…

Que dire des résultats de Cavac au 30 juin 2017 ?

Jacques Bourgeais : L’exercice 2016-2017 a inévitablement été impacté par la baisse de 20 % de la collecte de céréales. Mais les autres productions agricoles (productions de semences, de légumes, productions et nutrition animales…) se sont révélées en ligne avec nos prévisions. L’activité a été bonne avec un maintien global de nos tonnages d’aliments fabriqués, une progression des surfaces de productions végétales spécialisées… par ailleurs, la dégradation des trésoreries des agriculteurs avait été fortement anticipée dans les comptes des trois dernières années à travers le provisionnement de risques inhérents aux nombreux plans d’apurement concédés à des agriculteurs en difficulté. Il n’a pas été nécessaire au 30 juin 2017 de compléter significativement ce niveau de provisions.
Au niveau du consolidé groupe, les performances de nos activités industrielles (agroalimentaires et agro-matériaux) ont été bonnes. Biofournil, Bioporc, Olvac, Cavac Biomatériaux : la contribution de ces activités au résultat du groupe, a été en forte croissance. Ainsi le résultat net du groupe à 5,4 millions d’euros est peu différent des exercices antérieurs. La capacité d’autofinancement du groupe dépasse quant à elle les 23 millions d’euros ; un niveau qui permet de préparer l’avenir.

Le monde agricole évolue, les attentes des consommateurs également. La stratégie de la coopérative vous apparaît-elle en phase avec ces évolutions ?

Jérôme Calleau : Oui je considère que nous sommes dans le bon tempo. Notre stratégie s’articule autour de quatre points essentiels :
• Apporter des solutions novatrices aux agriculteurs par une approche globale qui réponde à la diversité des exploitations agricoles du territoire
• Construire des filières agricoles durables, différenciatrices, créatrices de valeur pour les agriculteurs et nos clients
• Répondre aux attentes des consommateurs : garantir des produits de qualité et investir dans de nouveaux modes de consommation (circuits-courts, e-commerce, bio, commerce équitable)
• Innover dans la croissance verte en valorisant les coproduits de l’agriculture

Travailler les filières qualité est dans les gênes de Cavac depuis de nombreuses années. Cela reste un atout majeur ?

Jérôme Calleau : On perçoit bien dans le contexte actuel, l’avantage de pouvoir accéder à des filières différençiantes pour pouvoir prendre un peu de distance par rapport au mass-market qui subit de plein fouet les turbulences des marchés internationaux. L’apport de telles filières permet à l’agriculteur de diversifier ses productions et de capter une valeur ajoutée. Evidemment nous ne possédons pas la baguette magique permettant de corriger les turbulences des marchés ; évidemment les cultures proposées sont souvent contingentées et ne sont pas éligibles partout. Mais avec près de 65 % de la collecte de céréales et oléagineux en filières et quelque 13 500 hectares de productions végétales spécialisées (semences, légumes, chanvre…) le groupe Cavac contribue à renforcer la résilience des exploitations de ses adhérents. Et c’est la même chose avec les filières qualité contractualisées en productions animales. Par rapport à des productions standards et en raisonnant « net d’éventuels surcoûts inhérents à certaines filières et productions », nous estimons en effet à plus de 10 millions d’euros par an, les plus-values nettes qui reviennent aux agriculteurs engagés à nos côtés : 4,3 m€ en céréales, 4,1 m€ à travers les productions de semences et de légumes, 0,5 m€ via Bovineo, 0,6 m€ via le groupement porcs, 0,6 m€ via la CPLB, 0,2 m€ via l’op ovine…

Autre exemple, la diversité de nos offres commerciales en céréales qui participe également à la sécurisation du revenu en permettant un fractionnement des mises en marché ou un lissage du prix (c’est le cas de la démarche Agri-Éthique par exemple, pour une plus juste et plus constante répartition de la valeur ajoutée). Dernier exemple : l’accompagnement financier que nous apportons aux éleveurs (prêts, garanties de marges…). Quand nous évoquons la nécessité d’une meilleure résilience des exploitations, ces démarches de la coopérative y participent immanquablement. Et puis en travaillant ces filières sous cahier des charges spécifiques, nous sommes au diapason de l’évolution des attentes du consommateur et des enjeux environnementaux (diversité des assolements).

« Biofournil, Bioporc, Olvac, Cavac Biomatériaux : la contribution de ces activités au résultat du groupe, a été en forte croissance »

Un de vos axes stratégiques vise à répondre au mieux à l’évolution des attentes des consommateurs. Comment agissez-vous concrètement ?

Jacques Bourgeais : Le consommateur est de plus en plus sensible aux produits de proximité et aux allégations santé (le Bio en tête). On ne peut pas l’ignorer. La coopérative est déjà très impliquée dans les filières amont Bio (production de céréales, de légumes secs, de porcs, d’œufs…) et la demande du marché va croissante. Nous n’entendons pas faire du Bio notre seul levier de croissance mais la consommation sur ce segment de marché évolue indéniablement de façon soutenue et sans faire obstacle aux autres modes de production, Cavac y renforce ses positions. Et puis nos filiales Bioporc, Biofournil, Olvac permettent d’aller plus loin dans la captation de valeur en transformant les produits. Nous avons également ouvert au cours de 2017 au sein de quelques magasins Gamm Vert, des univers alimentaires Bio sous enseigne La Vie Claire. Le consommateur souhaite être rassuré sur la provenance de ses produits. Nous avons le site de vente en ligne terredeviande.coop mais nous venons également de lancer le site produitici.fr qui vise à améliorer la visibilité de tous nos producteurs qui font de la vente directe.

Qu’en est-il de vos initiatives en matière de croissance « verte » comme levier de création de valeur ?

Jacques Bourgeais : L’activité de fabrication de Biomatériaux « Biofib’ » affiche une belle croissance. Nous sommes partis de rien voilà 8 ans et nous transformons aujourd’hui près de 2 000 hectares de pailles de chanvre avec une position de leader sur le marché des produits d’isolation biosourcés d’origine agricole. Nous transformons également les écarts de triage de céréales en ingrédients pour la nutrition animale et la biomasse énergie. Nous avons également investi dans un outil de micronisation de matières premières agricoles (anas de lin notamment) pour l’industrie. La résilience du groupe Cavac tient à la fois à la diversité de ses activités agricoles et tout autant, à l’heure où bon nombre des filières agricoles sont en mutation, à la capacité de disposer d’autres leviers de croissance. Evidemment ces activités ne sont porteuses de sens que si elles sont en connexion avec la production agricole de nos sociétaires et si elles apportent une profitabilité. Et c’est le cas.

En conclusion, quelles recommandations seriez-vous tenté de formuler auprès de vos sociétaires ?

Jérôme Calleau : Je suis agriculteur moi-même et ce serait bien prétentieux de ma part que de formuler des recommandations tant le contexte est complexe et instable. Mais disons qu’à l’heure où l’imprévisibilité des marchés est devenue la règle, les exploitations agricoles -comme la coopérative qui en est le prolongement-, doivent s’efforcer de gagner en souplesse : savoir cibler les bons investissements, diversifier les productions, sécuriser ce qui peut l’être. Il n’y a pas de modèle agricole idéal. L’essentiel est la capacité à produire pour un marché rémunérateur. L’agriculture est plurielle et elle doit le rester car il n’y a pas un consommateur mais des consommateurs, devenus consom’acteurs et aller à contre-courant des tendances de marché, serait un non-sens sur le moyen-terme. Enfin ne sous-estimons pas la vitesse vertigineuse avec laquelle le monde évolue. Le numérique qui envahit nos vies, nos métiers, nos équipements, est porteur de menaces mais aussi d’opportunités que les jeunes notamment, sauront mettre à profit j’en suis certain, d’une agriculture nouvelle génération. C’est le défi de la coopérative aussi que d’accompagner avec compétence mais sans brutalité, ces mutations profondes. L’implication de Cavac dans la structure Be Api en agriculture de précision, en est une bonne illustration. Plus globalement et plus que jamais, les agriculteurs ont besoin de lieux d’échanges et de formation. Et la coopérative fait partie de ces lieux (groupe jeunes, formation Cybèle dont la 4ème promotion est planifiée cet hiver 17/18, modules de formation réglementaires…).



 


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