Le GroupeExercice 2022-2023


Savoir piloter par temps de brouillard

Regards croisés avec Jérôme Calleau, président et Jacques Bourgeais, directeur général

Quel regard portez-vous sur l’année écoulée?

Jérôme Calleau – L’exercice écoulé aura été pour le moins stressant à maints égards. Le conflit russo-ukrainien a des conséquences directes et indirectes qui perdurent et qui contribuent à faire voler en éclat de nombreux équilibres. Cela vaut pour les cours des céréales et oléagineux qui oscillent dans de grandes amplitudes en fonction des nouvelles géopolitiques. Cela vaut bien-sûr au niveau de l’énergie avec un emballement des cours inédit ayant atteint un pic sur l’été 2022 avec bon nombre d’acteurs qui ont dû prendre des couvertures sur le marché, à des niveaux de prix très élevés. Indirectement, ce contexte énergétique a beaucoup participé à la remontée des taux d’inflation entraînant une pression sur les salaires et une augmentation des charges de toutes natures, avec cette difficulté majeure de pouvoir les répercuter rapidement.

Qui dit inflation, dit également dispositions nouvelles des banques centrales avec une forte remontée des taux d’intérêts ou encore pressions sur le pouvoir d’achat des ménages ; lesquels boudent les produits « premium » et le segment de la Bio. On voit qu’en matière d’économie, tout se tient; et que ce conflit -oh combien douloureux et lourd d’incertitudes-, a des conséquences économiques pour la planète entière. Ce contexte anxiogène a été renforcé au cas particulier de notre petit territoire, par la crise de l’influenza aviaire qui a connu une récidive fin 2022 et qui continue de faire peser une vraie menace; en attendant (espérons-le!), une sortie de crise grâce à un déploiement à grande échelle de la vaccination…

Nous sommes familiarisés dans nos métiers, avec les aléas climatiques, mais reconnaissons qu’ils sont devenus multiples et difficiles à anticiper…

Que dire des résultats de notre groupe sur l’exercice 2022/2023 ?

Jacques Bourgeais – Au regard de ce qui vient d’être décrit par notre Président, les performances économiques du groupe auraient pu être davantage mises à mal. Elles l’ont été sur un certain nombre de nos activités mais la diversité des métiers aura une nouvelle fois renforcé la résilience de notre modèle économique. Sur le plan de l’exploitation, deux secteurs d’activité ont souffert sur l’exercice écoulé :

  • L’activité céréales a subi deux revers. Une récolte d’automne (maïs, tournesol) très fortement pénalisée par la canicule de l’été 2022. Et puis une politique contractuelle avec des engagements précoces qui ont desservi cette année le compte de résultat, dans un contexte d’emballement des prix à la hausse.
  • Les métiers de l’agroalimentaire ont vécu un exercice très compliqué face à une flambée des prix inédite (matières premières et charges de toutes natures) qu’il a été difficile de répercuter très vite et intégralement (ce fut notamment le cas chez Atlantique Alimentaire). Et puis l’implication forte de Cavac dans la BIO (Bioporc, Biofournil…) est pénalisante dans un contexte de repli brutal de la consommation.

Deux activités auraient pu être fortement pénalisées mais elles ont bénéficié d’appuis extérieurs certains :

  • L’activité volailles. L’influenza aura été finalement plus impactante au plan psychologique qu’elle ne l’aura été au plan économique. Les services de l’État ayant bien joué le jeu en matière d’indemnisations.
  • L’activité productions de semences de maïs. Les rendements ont été plutôt catastrophiques mais les mécanismes assurantiels et la bonne écoute des firmes semencières a permis de limiter les dégâts au plan économique; et de préserver l’avenir de cette belle filière et son attractivité pour les producteurs.

Enfin d’autres métiers ont globalement bien performé :

  • L’activité jardineries qui a poursuivi sa belle dynamique,
  • L’activité matériaux d’isolation biosourcés (Biofib’),
  • Les autres activités de négoce, avec une bonne tenue des volumes et des marges.

Dans quel état d’esprit abordez-vous l’avenir ?

Jérôme Calleau – Je reste optimiste. L’agriculture française a certes des défis importants à relever et sa compétitivité ne doit pas être davantage mise à mal, par une réglementation sans-cesse plus contraignante. Mais je vois aussi dans ce qui se passe aujourd’hui des opportunités : la baisse du nombre d’agriculteurs et des cheptels devrait permettre sous l’effet de la loi de l’offre et de la demande, l’accès à de meilleurs prix dans la durée; la période COVID ou la période post-entrée en guerre de la Russie, ont mis en exergue l’enjeu de l’autonomie alimentaire; les enjeux climatiques et de biodiversité confèrent à l’agriculture un rôle important et nouveau…

S’agissant du groupe, nous savons que la vie des entreprises n’est jamais un long fleuve tranquille. Entre la COVID et les effets de la guerre en Ukraine, nous venons de vivre 3 années assez incroyables. Le passé nous a démontré que les excès finissaient toujours par être corrigés. Nous l’avons vécu récemment avec le prix des céréales et le prix de l’énergie. Il est donc raisonnable de penser que cette phase inflationniste aigue va se calmer. De même, les prix excessivement élevés des céréales (qui ont constitué un temps, une vraie menace pour toutes nos productions plus spécialisées sous cahiers des charges) s’inscrivent rarement sur le temps long.

Nous espérons également que le «trou d’air» observé en matière de consommation de produits Bio sera suivi d’un nouvel équilibre, où des acteurs historiques et majeurs de la Bio comme peut l’être Cavac, pourront sortir leur épingle du jeu. Nous avons démontré ces dernières années que le groupe avait la capacité de traverser des périodes plus compliquées. Et puis Cavac reste attractive. J’en ai pour preuve la reprise de la société Cosset en ce début d’exercice et les projets de fusion avec les coopératives Cevap et Val de Sèvre sur cette fin d’année.

Cavac a été précurseur dans le développement de contrats filières au sein de ses productions. Est-ce que cela nous sécurise aujourd’hui pour faire face au contexte actuel ?

Jérôme Calleau – La politique de construction de filières différenciatrices et apporteuses de valeur ajoutée pour les agriculteurs du territoire, reste un axe fort du groupe Cavac. C’est même dans son ADN. Savoir ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier, cela reste et restera le message véhiculé auprès des sociétaires. Cela reste indéniablement un élément de sécurisation.

Quels projets d’investissements en 2024 ?

Jacques Bourgeais – L’investissement le plus important concerne la nouvelle usine de fabrication d’isolants biosourcés à Sainte-Hermine (85), apte à accompagner le développement sur cette activité, la plus innovante du groupe. Cette usine sera opérationnelle mi 2024. Et c’est là sans oublier les métiers de base agricoles avec un nombre important d’aménagements de sites et silos sur notre territoire. Quelques rachats de fonds de commerce de jardineries sont également au programme.

Quels sont les défis à relever pour accompagner nos adhérents face aux enjeux climatiques et économiques ?

Jérôme Calleau – Si je devais sélectionner deux défis, je retiendrais celui du renouvellement des générations en élevage. Et puis celui de l’accès à l’eau. S’agissant de la déprise de l’élevage, elle est réelle. L’enjeu est de la freiner. Cavac mobilise des moyens financiers importants et des compétences pour freiner cette érosion. S’agissant de l’accès à l’eau, là-aussi Cavac dispose d’un service reconnu pour accompagner la constitution de réserves d’eau. La pérennité de nombreuses cultures passe par là; à fortiori dans le contexte de dérèglement climatique.

Au travers de l’agriculture régénérative, Cavac accompagne les exploitations dans leur transition agricole. Comment se présente 2024 et quels vont être les axes d’actions ?

Jérôme Calleau – En lien avec la question précédente, Cavac entend renforcer encore l’accompagnement agronomique de ses agriculteurs sociétaires. Moins de matières actives, des sols qui ont trop souvent tendance à s’appauvrir en matière organique, un renchérissement des intrants et de l’énergie, des températures plus élevées, l’enjeu du carbone qui devient majeur (émissions & stockage), des attentes sociétales de plus en plus insistantes… On ne peut pas faire comme si nous n’avions rien à changer en matière agronomique. Il s’agit donc d’accompagner cette transition en douceur et sans dégrader les résultats économiques des exploitations. Nous développons l’agriculture de précision avec la démarche BeApi. Et puis en lien avec l’association «Pour une Agriculture du Vivant», nous engageons nos sociétaires dans une démarche de progrès, très axée sols et couverts végétaux. Des formations sont dispensées et vont continuer de l’être en vue de tirer les compétences agronomiques des agriculteurs et de nos équipes vers le haut. C’est cela aussi préparer demain.

 

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